L’ENJEU – Deuxième partie

Je regrettais hier que cette campagne électorale ne se saisisse pas de cet enjeu capital pour notre avenir qu’est la compétitivité de « l’entreprise France ». J’affirmais, qu’aujourd’hui, c’est moins par la relance, qui nécessite impôts et dette, que par l’abaissement des charges sur la production, que pourrait se mettre en place la première condition de la sortie de crise.

La seconde condition, tout aussi indispensable, est l’amélioration importante de la qualité des hommes et des femmes qui produisent. Cette amélioration est subtile car elle touche aussi bien aux compétences professionnelles qu’à un état d’esprit, un engagement dans le travail, une ambiance de l’entreprise, un souci constant de la perfection et de l’innovation.

En effet, si la formation initiale et la formation continue sont indispensables et doivent être améliorées, si la recherche demeure essentielle et la création fondamentale pour faire réussir les entreprises françaises, elles sont insuffisantes pour créer l’élan nécessaire.

Combien de nos étudiants les plus brillants quittaient-ils la France faute d’avoir le sentiment de pouvoir s’y réaliser avant que le gouvernement  affecte 35M/€ sur 5 ans à la recherche en plus du crédit impôt recherche (4M/€). Dès lors, des chercheurs français sont revenus en France et nous avons attiré des chercheurs étrangers comme le directeur du CNRS, une des plus grosse structure française, qui est américain ou le directeur général du CNRS, Fuschs, qui est suisse.

Combien de jeunes cadres émigrent-ils vers des entreprises américaines, anglaises ou maintenant allemandes pensant y trouver, mieux qu’en France, les conditions d’un épanouissement personnel qu’ils craignent de voir compromis dans leur pays ?

Pourquoi?

A mon sens, parce qu’en France pendant des siècles, la réussite passait par la haute fonction publique, à laquelle on accédait par concours, symbole même de la méritocratie. Etre normalien, polytechnicien, enarque, professeur agrégé de droit, de médecine, de finances, de lettres, de sciences… vous valait carrière, rémunération et considération.

Dans le monde d’aujourd’hui, ce sont les grandes entreprises privées qui offrent ces atouts. Elles privilégient l’efficience, mettent en place la compétition, portent plus d’attention aux résultats qu’aux titres et cursus et désorientent une partie de la jeunesse.

Quand j’ai vu manifester des lycéens contre la réforme des retraites, alors que cette réforme les protège en priorité, quand je vois notre attachement aux 35 heures,            lorsque je vérifie l’incapacité où nous sommes d’aborder sereinement les problèmes qui se posent dans l’entreprise ou dans le pays, quand je constate que des programmes politiques peuvent mobiliser des milliers d’électeurs alors que chacun les sait irréalistes, je me demande comment aborder en confiance, les difficultés qui nous attendent.

La perte progressive du sens de l’effort, le refus du mérite et de l’autorité sapent peu à peu le sens de la solidarité car il y a une différence énorme entre l’acte solidaire, volontaire et délibéré dans son essence même et la jalousie érigée en vertu qui voudrait faire croire que prélever n’est pas prendre et pire, que l’argent gagné l’a, nécessairement, été qu’immoralement.

On a créé en France, au-dessus de « l’illégal », l’immoral.

Le problème est que si l’illégal est à peu près bien cerné par la loi et les juges, l’immoral relève de l’air du temps, des circonstances, de la rumeur et, bien sûr, de la frustration.

La boucle est, cependant, bouclée lorsque la loi elle-même vient définir l’immoralité. Ainsi de ces propositions populistes qui visent à bloquer les revenus des patrons publics, avec le seul résultat de faire fuir les meilleurs, alors que chacun conviendra qu’il vaut mieux un patron payé à son prix, qu’un fonctionnaire qui creusera des déficits beaucoup plus onéreux.

Je ne comprends pas bien, à dire vrai, comment souhaiter, à la fois, sanctionner la réussite par des prélèvements confiscatoires et refaire naître, en France, la fibre entrepreneuriale. A moins d’ajouter, aux compétences de chefs d’entreprise, la vertu monacale, quelles seraient les motivations de celui qui prend des risques et travaille sans compter au détriment de sa vie personnelle et familiale?

Car il n’est pas d’entreprises sans risque ! C’est lui qui fait peur au plus grand nombre et  grossit la masse des salariés, c’est lui qui fait plonger des sommets vers l’abysse, lui aussi qui permet l’espoir, le rêve et ce qu’improprement on appelle la réussite!

Combien ne vont s’y frotter qu’en jouant au loto, espoirs de richesses non imposables tant appréciées de nos compatriotes.

Puisqu’il faut règlementer, tentons au moins que ce soit cohérent et efficace.

OUI, il faut éviter des salaires disproportionnés par rapport au talent professionnel d’un homme. La fiscalité peut y contribuer.

NON, il ne faut pas comparer les salaires et les bonus qui relèvent eux de la performance, c’est-à-dire, du risque assumé. Les imposer comme des salaires revient à dire que l’on n’a aucun avantage à prendre des risques : si on perd, on perd et si on gagne, on perd quand même ! En revanche, les lisser sur plusieurs années comme nous l’avons fait est de bonne politique pour éviter les fausses performances suivies de vraies pertes.

Je souhaiterais que Nicolas Sarkozy reprenne sa proposition de partage des bénéfices en trois parts : l’investissement dans l’entreprise, les dividendes des actionnaires, les primes pour les salariés.

Conclusion : L’enjeu essentiel pour la France est de retrouver sa compétitivité, source de toutes les politiques de dépenses souhaitables. Sans elle, rien ne sera possible. Cette compétitivité passe par une nouvelle pratique fiscale. Au lieu de faire payer les charges par l’entreprise, puis ensuite par les clients, les faire payer directement par le client. Cela ne change rien au prix de vente mais évite des charges administratives considérables.

A côté de cette mesure technique, il faut faire lever l’envie de s’enrichir car il n’est pas de pays riches sans riches. C’est la richesse qui permet de prendre des risques, d’innover, de créer et aussi de donner comme le font les milliardaires américains.

Cette richesse nouvelle permet d’améliorer les solidarités, notamment dans le domaine de l’école, de la santé et des misères sociales.

C’est en retrouvant un sens au travail, un mérite à la réussite, une valeur à la prise de risque que la France retrouvera les chemins de la prospérité et les Français l’espoir d’un avenir mieux cerné.

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