Le numérique et l’emploi

Conférence de Jean Dionis du Séjour Député Maire d’AGEN

A l’invitation d’Olivier Jardé et du Club Imagine Amiens

 

Naguère considérée comme ville pionnière dans le développement numérique, Amiens stagne avec une politique aussi opaque qu’inefficace.   Olivier Jardé a souhaité demander à un expert national son point de vue sur l’évolution de la société numérique et ses conséquences sur l’emploi.

La France comme le reste du monde vit à l’heure du numérique. Avec une moyenne de plus d’un portable par personne, 630 millions de SMS envoyés chaque jour, ce sont également sept foyers sur dix qui sont connectés à Internet de leur domicile.

Au-delà des tendances, le numérique est une vague de fond qui a bouleversé nos modes de vie et qui continuera encore à faire bouger les lignes.

Aujourd’hui, le commerce en ligne représente entre 3 et 5% du commerce français et nous n’en sommes qu’au début ! Les commerces, pour survivre, vont devoir s’adapter à cette nouvelle façon de faire et apporter une réelle plus-value par rapport aux services en ligne. 

A terme, tous nos actes seront numérisés et cela a déjà commencé avec le suivi des bagages dans les transports aériens ou avec le péage sur les autoroutes. Les nouvelles technologies détruisent donc les emplois d’hier, en particulier les métiers de service les plus pénibles comme les caissières de péage pour reprendre l’exemple cité plus haut.

Pour autant, de nouveaux métiers liés directement au numérique, apparaissent avec leurs nouvelles formations, mais aussi de nouvelles façons de penser.  

Ici, à Amiens, nous avons pu accueillir le premier opérateur privé local, France Cité Vision, grâce à qui nous avons un réseau indépendant à très haut débit. Il a créé sur place des dizaines d’emplois très qualifiés et va, à partir d’Amiens où il a son siège social, s’étendre dans le département et en France.

Au total plus de 4000 emplois, notamment dans les centres de relation clientèles, avaient été créés par Gilles de Robien et Roger Mézin en moins de deux ans. Autant dire que l’investissement réalisé, 6 Millions d’euros a été vite amorti, le réseau rapporte maintenant 1 million 500 000 euros. Et, pour citer Jean Dionis du Séjour : « on venait en pèlerinage à Amiens où s’inventaient les technologies de l’information et de la communication ».

Malheureusement, aujourd’hui, nous sommes, à Amiens métropole, complètement navrés de constater que l’avance prise se perd, que notre réseau public, loin de s’améliorer, stagne, que les services numériques essentiels ne se développent pas et que notre Capitale régionale prend un retard chaque jour plus important.

Plus généralement, concernant la société, les enjeux sont globaux et concernent tout le monde, à tous les âges de la vie, en passant par la personnalisation des parcours à l’école jusqu’à la stimulation intellectuelle des personnes âgées.

En 2004, Olivier Jardé, déjà aux côtés de Jean Dionis du Séjour comme député, après de rudes échanges, avait pu changer la loi qui permettrait aux collectivités locales d’intervenir dans ce domaine qui leur était jusqu’alors interdit.

Ce sont ces actions, ces engagements, qui ont fait pousser à travers la France, ces expériences fondamentales de réseaux publics à très haut débit qui, de Nancy à Amiens (les premières), se sont bientôt étendues sur tout le territoire.

Olivier Jardé a rappelé qu’il souhaitait, comme Jean Dionis du Séjour, que le projet d’une France numérique figure dans le programme présidentiel. C’est un vrai projet, ni de droite ni de gauche, simplement de bon sens. Plus que français, il pourrait être européen et mobiliser ses euros bonds dont chacun rêve sans oser affirmer qu’ils ne pourront se réaliser qu’avec  une fiscalité européenne qui les garantirait.

La politique numérique doit donc être impulsée par l’Etat et suivie par les collectivités territoriales qui devront financer en partie les installations puisque nous pensons que la fibre optique est l’investissement d’aujourd’hui pour demain, au même titre que l’a été l’eau et l’électricité au XXe siècle. 

Enfin, réduire la fracture numérique doit être une priorité. Fracture sociale, car 24 millions de foyers restent privés d’Internet encore aujourd’hui, mais aussi la fracture générationnelle car encore trop de séniors restent à l’écart de cette formidable révolution.

Pour cela, des collectivités, partout en France, se sont déjà lancées dans diverses propositions avec des points d’accès gratuits en ville ou des « plans seniors branchés » pour former les personnes âgées aux nouveaux outils numériques.

La Somme ne doit pas passer à côté de la fibre optique, malheureusement le Conseil régional de Picardie n’a pas trouvé utile d’aider le Conseil général à financer cet investissement porteur d’avenir.

Il faudra veiller tout particulièrement à ce que nous ne soyons pas les victimes de ce manque de vision pour notre territoire.

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